Homélie du 3ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 22 février 2013
Quelle image de Dieu ?
Textes bibliques : Lire
Les jours et les semaines passent et notre marche vers Pâques se fait plus précise. Les lectures bibliques de ce dimanche sont un appel à accueillir le Dieu libérateur. C’est le message que nous découvrons dans le livre de l’Exode (1ère lecture). Le texte qui nous est proposé nous rapporte la rencontre de Moïse avec Dieu. Il se présente lui-même comme un buisson qui brule mais ne se consume pas. Ce buisson est un symbole de Dieu. Moïse découvre que Dieu est un feu ardent. Plus tard saint Jean dira que “Dieu est amour”. Son amour est un feu qui ne se consume pas car il est éternel.
Moïse voudrait bien s’approcher pour voir ce merveilleux spectacle. Mais Dieu l’en empêche : “N’approche pas d’ici car le lieu que tes pieds foulent est une terre sainte”. Ce lieu est une terre sainte justement en raison de la présence de Dieu. Moïse découvre qu’il est le “tout autre”. Les livres, les discours ne suffisent pas pour le connaître. Le plus important c’est de faire, comme Moïse l’expérience de sa présence et de son action pour les autres. Alors on découvre qu’il est “avec”. Plus tard, Jésus sera précisément appelé “Emmanuel” ce qui veut dire “Dieu avec nous”. Toute la Bible nous montre qu’il est avec le pauvre dans l’angoisse, le petit qui est réduit à la misère. Il est encore avec celui qui subit la domination de l’exploiteur.
Dans la Bible, le nom de Dieu c’est “Yahvé”. Une fausse traduction a fait dire “Jéhovah” ce qui ne veut rien dire en hébreu. L’important c’est de comprendre que Dieu est celui qui se rend présent pour nous libérer. Il est Celui qui a vu la misère de son peuple et il fait appel à Moïse pour le sortir de cette situation. Cette lecture nous révèle donc un Dieu qui établit des relations personnelles avec les hommes. C’est un Dieu plein de bonté, un Dieu sauveur et libérateur. Le Carême est donc pour nous une invitation à changer le regard que nous portons sur notre Dieu. Chacun peut se poser la question : le Dieu auquel nous croyons est-il pour nous un feu dévorant ? Est-il ce foyer dévorant d’amour qui consume nos égoïsmes ? Est-il cette flamme de colère contre les injustices ?
L’apôtre Paul invite les chrétiens et chacun d’entre nous à faire une relecture des événements de l’Exode : “Dieu était là pour les libérer de l’esclavage et de leur péché”. Mais “La plupart n’ont fait que déplaire à Dieu et sont tombés dans le péché ; ce constat douloureux, nous le trouvons souvent dans la Bible et dans notre vie. Mais là où le péché a abondé, l’amour a surabondé. Saint Paul nous invite à une lecture chrétienne des événements : “Ils buvaient à un rocher qui les accompagnait et ce rocher c’était le Christ.” Cette aventure de la sortie d’Egypte est, pour nous chrétiens, un avertissement : attention à ne pas tomber. Restez bien accrochés à ce rocher qu’est le Christ. “Rien ne peut nous séparer de son amour” (Rm 8. 39).
L’Evangile est aussi un appel à changer le regard que nous portons sur Dieu. Devant la souffrance, les maladies, les catastrophes, nous pouvons avoir des réactions violentes. Il y a une question qui revient souvent : “Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ?” Nous réagissons comme si les accidents, les drames et la mort étaient un châtiment de Dieu. S’il arrive quelque chose ce serait parce que Dieu nous punit. Aujourd’hui, Jésus réagit très fermement contre cette manière de voir. Les malheurs qui s’abattent sur les hommes et sur le monde ne viennent pas de Dieu. il n’y a aucun lien entre la souffrance et le péché. Un autre jour, on lui posera la même question au sujet d’un aveugle-né : “Qui a péché pour qu’il soit né ainsi ? Lui ou ses parents ?” Et Jésus répondra : “Ni lui, ni ses parents.” Ainsi, Jésus laisse ouverte la difficile question du rapport entre le malheur et le péché personnel. Une seule chose est sûre : Dieu est amour. Il n’est surtout pas un justicier sans cœur.
C’est important pour nous aujourd’hui : tous les jours, les médias nous accablent de mauvaises nouvelles, des drames de plus en plus atroces. Et alors, on se pose la question : où est-il notre Dieu ? que fait-il ? Il nous faut relire la réponse de Jésus : Nous n’avons pas le droit de dire que ces malheurs viennent de Dieu. Ce serait trahir son image. En effet, Dieu est notre Père, un Père qui aime chacun de ses enfants et qui ne veut que leur bonheur. Mais Jésus en profite pour nous faire comprendre une chose importante : nous avons tous à nous remettre en cause ; nous devons interpréter ces événements comme des signes qu’il nous donne.
Ce n’est pas notre péché qui entraine la condamnation mais notre refus de nous convertir. “Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez comme eux.” Non ce n’est pas une menace, ce n’est pas Dieu qui va nous faire périr ; c’est nous qui allons à notre perte. C’est pour cela que le Christ nous demande instamment de ne pas remettre à demain notre conversion. La mort peut arriver à l’imprévu. Le danger le plus grave c’est celui de la mort éternelle, celle qui sépare définitivement l’homme de Dieu. Chacun est donc invité à se convertir, changer de comportement et se tourner de ses péchés. Dieu ne veut que notre bonheur. Il attend de nous une vie belle et fructueuse. Mais si nous refusons d’entendre son appel, c’est nous qui faisons notre malheur.
Tout au long de ce Carême, le Seigneur ne cesse de nous appeler à revenir fers lui. Il voit notre misère, notre péché et il veut nous en libérer. Le sacrement du pardon nous est offert pour accueillir cet amour libérateur. L’histoire du figuier est là pour nous rappeler qu’il y a une chance. C’est Dieu qui nous l’offre. “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.” (Ps 94) Oui, nous te supplions, Père, allume en nous le feu de ton amour.
Sources : Revues Feu Nouveau, Signes, Dimanche en Paroisse, L’intelligence des Ecritures (MN Thabut), Lectures bibliques des dimanches année C (Albert Vanhoye), Commentaires du missel communautaire (Père André Rebré),
Je vous lance mes sincères remerciements pour cette action caritative que nous nous servons nous même pour l`évangélisation dans la vigne du Seigneur ! Qu`Il vous bénisse !Diacre Dominique;rwandais
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